histoireUn peu d’Histoire

En 1137, Guillaume X, Duc d'Aquitaine, meurt laissant le duché à sa fille Aliénor d'Aquitaine qu'il vient de marier au futur Roi de France Louis VII. Notre belle province entre dans le domaine royal des Capétiens, réduit jusque-là à l'Ile de France.
Mais, 15 ans plus tard, Louis VII divorce d'avec Aliénor. Elle reprend son Aquitaine et l'apporte en dot à son second mari, Henri Plantagenêt, duc d'Anjou et de Normandie. En 1154, Henri Plantagenêt et Aliénor d'Aquitaine deviennent Roi et Reine d'Angleterre. Un long écartèlement commence pour l'Aquitaine entre la France et l'Angleterre.
De 1154, où l'Aquitaine devient anglaise, jusqu'à 1453, date de la bataille de Castillon qui met fin à la guerre de Cent Ans, Lévignac en Agenais subit le sort de son Comté. Celui-ci changera dix fois de suzerain en 300 ans. Il appartiendra tantôt aux comtes de Toulouse, tantôt aux Rois d'Angleterre, tantôt aux Rois de France, au gré des mariages princiers, des luttes religieuses contre les Albigeois ou Cathares, des batailles de la guerre de Cent Ans.
Durant cette longue période troublée, le lévignacais moyen, paysan ou artisan, ne sachant pas très bien à qui il appartient, va supporter tout le poids du malheur car les opérations militaires de ce temps-là étaient surtout des opérations de pillage et de destruction.
C'est dans cette époque de grande insécurité, vers 1300, que se construisit "la bastide" de Lévignac, c'est-à-dire le village nouveau fortifié dont il nous reste quelques vestiges dans notre bourg actuel.

 

1305: date de la création de la Bastide

Règne du Roi Edward 1er d’Angleterre
Philippe IV dit « le Bel » est Roi de France et de Navarre
5 juin : l'archevêque de Bordeaux, Bertrand de Got est élu pape à Pérouse sous la pression de Philippe le Bel sous le nom de Clément V, la papauté va s'installer à Avignon jusqu'en 1376. Il est le premier d'une série de pape français, jusqu'à Grégoire XI.
5 août : le chef de la révolte écossaise William Wallace est capturé par l’armée d’Édouard Ier d'Angleterre. Il est exécuté le 23 août.
23 septembre : Louis le Hutin, fils du roi de France Philippe IV le Bel et de la reine de Navarre Jeanne Ire, épouse à Vernon Marguerite de Bourgogne, fille du duc de Bourgogne Robert II et d'Agnès de France.
14 novembre : lors du couronnement de Clément V à Lyon, un balcon surchargé de curieux s’écroule devant le passage du pape, faisant 12 morts et de nombreux blessés. Le duc Jean II de Bretagne et le frère du pape, Gaillard de Got, sont mortellement blessés.

 

Bastide

    Une bastide (de l'occitan bastida) est le nom désignant trois à cinq cents villes neuves, fondées majoritairement dans le sud-ouest de la France entre 1222 et 1373. Entre la croisade des Albigeois et la guerre de Cent Ans, ces fondations répondent à un certain nombre de caractéristiques communes d'ordre politique, économique et architectural, correspondant à un essor urbain exceptionnel en Europe à cette époque.
    Les bastides sont à la fois la constitution d'un pouvoir politique et économique local et démocratique (avec un consulat, un marché, des foires, des poids et mesures, une milice), à la fois l'institution d'un plan local d'urbanisme avec son règlement, dont la réalisation se fera pendant plusieurs siècles.
    On peut citer, parmi les bastides les plus caractéristiques ou les mieux conservées du point de vue architectural, celles de Monflanquin, Monpazier, Grenade, Mirande ou bien encore Libourne et la ville basse de Carcassonne. Prés de Lévignac-de-Guyenne, celles de Monségur, Sauveterre-de-Guyenne (33) ou Miramont-de-Guyenne (47).

 

VilleNeuveLieux d'implantation des villes neuves

Vers l'an Mil, en raison d'une démographie croissante, un grand mouvement d'urbanisme se développe dans toute l'Europe. En Catalogne, on construit les villasnovas. Outre-Rhin, on crée les Gründungstädte, et l'Italie voit surgir les borghi nuovi. L'Europe centrale n'est pas en reste avec de nombreuses fondations en Pologne actuelle et en Bohème. En France, débute l'essor des castelnaus, des sauvetés et enfin des bastides. Mais la construction de ces dernières va être un mouvement d'une ampleur inégalée, et surtout planifié et organisé.
    Durant le Moyen Âge, le sud-ouest de la France actuelle est une zone de friction entre les rois de France et d'Angleterre, à cause du Duché d'Aquitaine et du comté de Toulouse. C'est dans cette région que vont surgir durant 150 ans ces nouveaux villages, appelés bastides, au fil des gouvernances et des conflits. De Libourne à Carcassonne, et de Rodez à Mont-de-Marsan, quatorze départements actuels sont concernés, correspondant à une vaste zone de 50 000 km2.
    Malgré leur intérêt géopolitique, les bastides sont implantées aussi en fonction du relief, de la qualité des sols et de la présence vitale de l'eau. À vocation agricole et économique, elles devaient aussi assurer la prospérité des nouveaux habitants, appelés les poblans.
    Certaines bastides s'établissent toutefois sur des positions défensives fortes, comme Miramont-de-Guyenne…

 

Lévignac, bastide anglaise

La longue rivalité entre les rois de France et d'Angleterre pour la possession de la Guyenne est une cause de l'édification de ces bastides. Elles assuraient aux rois rivaux la possession et la défense du territoire. Lévignac, sur la frontière nord-ouest de l'Agenais était à cette époque dans le domaine d'Edouard 1er, roi d'Angleterre. C'est lui qui décida la construction de la bastide.
Nous avons trouvé aux Archives départementales un catalogue des chartes de franchise de Guyenne et Gascogne dressé par la Société d'histoire du droit (Michel Gouron, p.452). Voici ce que nous avons lu pour Lévignac :
"1305 ; 30 mars ; Westminster
Edouard 1er1 mande à Jean de Havering, sénéchal de Gascogne, de faire une enquête sur le projet de paréage entre lui et Guillaume Arnaud de Gaussant, Géraud et Amanieu de Lévignac, frères, pour fonder une bastide à Lévignac en y englobant les paroisses voisines".
A l'est, la rue des abattoirs est très probablement, un ancien fossé. Au début du siècle, il en restait deux morceaux : un abreuvoir devant le presbytère actuel, une "clotte" ou mare à l'angle nord de la "grosse maison" (ancien cabinet médical). Cette dernière a été comblée.
L'accès de la porte sud est encore marqué par une rampe coudée bordée d'un rempart. Elle franchit la dénivellation sur un "pont" soutenu par deux arches très visibles de la maison Balutet. En 1850, on pouvait passer sous ces arches et ressortir devant l’ancien presbytère actuel.
Les arches correspondantes dans le sous-sol de Monsieur Dard étaient encore visibles il y a quelques années. La porte se trouvait vraisemblablement entre la maison Chamboissier, parcelle 748 et une maison disparue accolée à la maison de Pierre Sauviac, parcelle 678. L'entrée du village était donc plus étroite qu'actuellement. Avant que le ravalement de la maison Chamboissier ne soit fait, on voyait très nettement une saillie de mur très épais appuyé sur la grande arche et qui ne pouvait se justifier que par l'existence d'une porte.
Une entrée similaire devait exister au nord, entre la Mairie actuelle et l’ex-cabinet médical, tout près du château. On désignait cette entrée sous le nom de "pont du Nord".
Au centre du village, au point culminant, la place avait encore en 1829, sa vieille halle, son église, la maison commune. Toutes les rues y aboutissent : une grande rue centrale allant de la porte Nord à la porte Sud, deux rues parallèles reliées à angles droits à la rue centrale.
Le plan cadastral de 1829 fait apparaître surtout à l'ouest, une série de parcelles hors les murs, perpendiculaires au chemin de ronde et correspondant aux maisons du bourg.
D'après ces écrits et ces observations, on peut admettre comme vraisemblable que Lévignac ait été fondée au 14ème siècle, bastide anglaise aux confins de l'Agenais et du Périgord, dans une région que se disputaient le roi de France, Philippe IV le Bel et le roi d'Angleterre Édouard 1er.

 

Ethymologie de Lévignac

Nous aurions voulu donner d'une façon assez précise l’étymologie du mot "Lévignac", mais faute de documents, nous nous trouvons confrontés à plusieurs hypothèses déjà émises avant nous, que nous ne ferons que reprendre, en essayant de les clarifier le plus possible.
Nous emprunterons les trois premières à l'Abbé Massélis.

  1. Lévignac viendrait de deux mots latins : "Levis Aqua", eau légère. Dans ce cas, l'eau aurait bien changé, car de nos jours, elle est au contraire très calcaire.
  2. Lévignac viendrait de "Levinius ager", le champ, la propriété de Levinius. L'origine serait alors romaine, et ce Levinius (ou Lavinius, ou Loevinius), aurait été un personnage romain qui aurait joué un certain rôle dans la région, au point de donner son nom à une cité. Nous prenons en considération cette hypothèse, mais jusqu'à ce jour, aucune trace de l'occupation romaine de nos terres n'a été retrouvée.
  3. Lévignac viendrait tout simplement du mot latin "vitis", qui désignerait un pays de vignes. Nous trouvons dans une délibération du conseil municipal du 30 janvier 1781, cette petite phrase : "C'est d'ordinaire pendant l'hiver que nous devons faire partir nos « eau-de-vie ». Il est vrai qu'à cette époque, et ceci depuis le Moyen Age, il y avait dans notre région beaucoup de vignes, et le commerce des eaux-de-vie était très prospère.

Nous emprunterons les deux dernières hypothèses à Monsieur René Blanc : l'une qu'il a recueillie auprès de Monsieur Schenck, professeur à Nice, l'autre, personnelle.

  1. D’après Monsieur Schenck, le hac, contenu dans l'ancien mot "Levinhac", indique le lieu par où l'on passe.
    Il devait peut être exister un chemin reliant la Dordogne, le Dropt et la Garonne, ayant peut être eu pour origine une ancienne voie gallo-romaine, au bord duquel il pouvait exister une sorte d'auberge ou de relais ; ou bien encore, s'agit-il d'un des fameux chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle ?
  2. Selon feu Monsieur René Blanc, Lévignac viendrait peut-être du nom d'un seigneur (Monsieur de Levygnak) qui a occupé ce territoire au cours du Moyen-Age, et qui aurait donné son nom à la future ville.

Pour en savoir plus, une "Monographie de la Bastide" éditée en août 2016 est à votre disposition à la mairie ou à la Bibliothèque au prix de

20 €.